Guerre de classe
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[Extrait] Le capital a tout dévoré, sauf...
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Le capital peut tout bouffer…

Le capital peut tout bouffer puisque, entre la domination formelle au XIIIe siècle, qui voit surgir le capitalisme premier, et aujourd’hui, on voit bien que le capitalisme a tout dévoré. Il a dévoré les espaces, il a dévoré les forêts, il a construit les villes, il a dévoré toutes les latitudes et toutes les longitudes, il a dévoré les corps, il a dévoré les émotions, il a dévoré les sexualités, le capital est devenu le grand vampire, le grand cannibale : il a tout mangé.

Le capital a tout mangé. Mais, s’il a tout mangé, comment est-ce possible qu’il soit à un moment donné invalidable ? Il est pas invalidable dans une dynamique statique : la baisse du taux de profit, ho ! le capital coinçe, pouf ! le capital tombe, ho ! les hommes disent : « tiens, nous voudrions vivre ! » Non ! C’est une interaction dialectique, c’est un rapport social !

On parlait tout-à-l’heure de la baisse du taux de profit qui est en même temps la baisse générique du taux de l’exploitation et la mesure de la crise ontologique de l’humanité. Quand y’aura, au maximum de la crise du capital en domination réelle achevée, le procès total de caducité du capital, y’aura en même temps le surgissement du vrai désir humain : parce que le capital a tout digéré, sauf le vrai désir humain. Il peut tout avaler. Il nous écrase dans la quantification, dans le narcissisme, dans la marchandisation, dans le spectacle de la représentation. Mais y’a une chose qu’il peut pas digérer : un jour, dans la rue, un homme, avec ses yeux, regarde une femme, et il sent dans ses yeux briller une lumière d’éternité. Ça, le capital ne peut pas le digérer…

Donc l’amour est la mesure révolutionnaire de notre relation aux autres, mais il est en même temps la mesure révolutionnaire de notre capacité, quand y’aura cette crise universelle du capital, de faire surgissement d’émotions d’humanité et de révolution. Le capital a chosifié les relations humaines. Il a créé une sexualité absolument bétonnée dans l’échangisme marchand le plus pourri. Mais même dans cet échangisme-là qui est obligatoire, même dans la pornographie la plus lamentable, même dans la reptation la plus mortuaire, il y a des hommes et des femmes dont les yeux brillent d’un désir et d’une émotion infinis. Il peut pas manger ça. Et la crise du capital, c’est le moment où ça peut enfin se réveiller, parce que tout l’enfermement aliénatoire du fétichisme qui empêchait que ça sorte tombe en caducité. Et là, tout peut rejaillir.

Donc la crise finale du capital, qui est le surgissement du communisme, c’est le fait — qui est à proprement parler merveilleux — que depuis la révolution néolithique, qui a cassé les communautés, qui a brisé notre désir, qui a encastré notre volupté, la vieille taupe du vrai désir infini depuis le néolithique n’a pas cessé, de mode de production en mode de production, de se balader, de résister, de protester, d’apparaître, mais, puisqu’elle était écrasée, de se re-cacher, puis de ré-apparaître, puis d’être enfin écrasée une nouvelle fois… pour toujours réapparaître !

Et au bout, au bout, au bout, cette vieille taupe souterraine du désir infini de l’homme qui se tient debout, qui veut jouir en vérité et en volupté, ben, elle est là ! Et au fin fond des tréfonds de la crise terminale du capital, c’est l’homme, l’homme émancipé de la Gemeinwesen qui aura le dernier mot, qui aura la dernière pulsion de radicalité et la dernière force de l’histoire, puisque c’est lui qui surgira et qui dira :

« Tu vois ? Ben, le capital a perdu ! »

Francis Cousin, Radio GDC : Introduction au communisme. Qu’est ce que le communisme ?, 31 décembre 2019

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