Guerre de classe
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[Extrait] Intelligence historique : lutte de classe et luttes sociétales
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J’attire votre attention sur le fait qu’il faut être très prudent avec le mot « intelligence du capital ». Y’a pas d’intelligence historique du capital, y’a une intelligence pratique des capitalistes. Le rapport social capitaliste, il n’a pas d’intelligence historique. Parce que, précisément, ce qui fonde le rapport social capitaliste, c’est qu’il se croit éternel.

Le propre de l’intelligence historique, c’est de comprendre que chaque mode de production de l’aliénation a eu une naissance, un développement et une mort. Et hormis la conscience radicale communiste qui se bat pour l’abolition de l’État et pour l’abolition de l’argent, hormis cette sphère-là de compréhension critique qui comprend la vie et la mort des modes de production, personne ne comprend la dialectique de mort du capital.

Si on est passé par Hegel et par Marx et par les groupes maximalistes radicaux, on comprend très bien que le capital est entré, depuis 68, dans la phase terminale de son histoire. Il est né au XIIIe siècle, en 1914 il s’est emparé du monde, et on est à la phase ultime de sa décadence. Nous, aujourd’hui, à travers les textes des groupes radicaux, à travers les textes de Marx — à travers les prévisions de Marx — nous comprenons très bien que le capital va mourir.

Mais le capital, comme rapport social, avec ses centres de recherche, avec toute l’intelligence qu’il a en mouvement, il a pas cette intelligence historique. Il n’a qu’une intelligence pratique, limitée. Quand le capital met en marche l’armée de réserve immigrée, le grand chaos migratoire, le chaos terroriste, le chaos bancaire, le chaos institutionnel ; quand, par exemple, l’impérialisme américain se structure pour détruire totalement le Moyen-Orient : il a pas l’intelligence historique de la temporalité historique — sans ça il saurait qu’il va de toute manière mourir. Il a une intelligence pratique, de manigance sur certaines temporalités, pour se restructurer et ça c’est l’immanence de l’automate de l’usine globale du capital, du rapport social, mais y’a pas d’intelligence historique. L’intelligence historique comprend les origines, le développement et la destination.

La différence, là, entre nous quatre et Bilderberg, c’est que Bilderberg n’aura jamais — parce que dans le rapport social de l’aliénation, c’est une intelligence fétichiste — ils n’auront jamais d’autre intelligence que celle de la reproduction fétichiste de leur rêve d’éternité. Mais ils n’auront jamais l’intelligence historique de la caducité inévitable de leur rapport social.

Donc seule la conscience radicale communiste a « l’intelligence du capital » parce que seule elle sait pourquoi il va mourir, comment il va mourir et à quel moment il pourra mourir. Donc ça c’est décisif.

[…] Par contre, ce qui est intéressant, ce que vous avez dit, c’est que, il faut toujours en revenir, parce que, on a vu sur cette année 2019 la floraison du sociétal. […] Ça fait des années et des années que le capital se restructure dans l’intelligence fétichiste du sociétal pour que, précisément, le sociétal obscurcisse définitivement la lutte de classe. Ça, le capital il a très bien compris que : la lutte de classe, c’est dangereux ; le sociétal, ça le regénère. Mais ça ne lui donne pas une intelligence historique parce qu’il ne comprend pas où ça va au stade final de toutes les contradictions. Mais en tout cas, du point de vue de la lutte de classe, il faut comprendre que la seule chose qui fasse peur au capital, même s’il n’a pas l’intelligence historique de la terminaison, c’est la lutte de classe radicale du prolétariat contre l’État et contre le capital pour abolir l’argent, pour abolir l’État, pour abolir la marchandise, et pour abolir le salariat. Par contre, le sociétal, c’est la bouée de secours ! Et on l’a vu avec le mouvement des Gilets jaunes. Le mouvement des Gilets jaunes a été envahi de sociétal, et là on revoit le sociétal revenir.

C’est quoi le sociétal ? Le sociétal, Guy Debord l’avait déjà positionné en 1995 dans sa fameuse lettre à Bounan : le sociétal, c’est la refonte du marché narcissique de la marchandise totalitaire. C’est le culte homosexuel, c’est le culte immigré, c’est le culte féministe et c’est le culte du capitalisme vert. Parce qu’on sait que l’homosexuel, l’immigré, la féministe et le capitalisme vert sont nécessairement des vecteurs de reproduction historique de la marchandise modernisée. Le capital veut la marchandise modernisée. Il a donc besoin de ces luttes sociétales parce que ces luttes sociétales font écran, paravent et asphyxie à la lutte de classe. Par contre, la lutte de classe, ça c’est insupportable. Un prolétariat communard qui renaît, et qui dit : « abolition de l’État, abolition du salariat », ça c’est pas possible.

Donc notre seul ennemi, c’est le sociétal aujourd’hui. Dans la décomposition ultime du capital, le capital n’a comme voie de garage que les luttes anti-discriminatoires du modernisme de la marchandise et le fameux capitalisme vert. L’icône virtuel Thunberg ! C’est pas difficile, vous mettez la radio, tous les jours, vous mettez la télé, tous les jours, vous regardez les publicités, tous les jours : le prolétariat doit disparaître. Au mois de juillet 2019, place d’Italie, un ouvrier est tombé d’un échaffaudage. C’est un accident du travail, c’est la réalité de l’exploitation. Personne ne connaît son nom, ça a fait une micro-dépêche. Ça n’entre pas dans la modernisation du capital. La modernisation du capital : tous les feuilletons, tout ce que vous regardez, toutes les pubs pour les parfums, pour les vêtements, c’est l’immigré, c’est l’homosexuel, c’est la féministe, c’est le capitalisme vert. Le prolétariat doit disparaître.

Donc c’est clair. Comment on va écraser le prolétariat Gilets jaunes et comment on va écraser le prolétariat des surgissements de décembre ? Dans le capitalisme vert anti-discriminatoire de la refonte moderniste, effectivement, où on est tous immigrés, homosexuels, féministes. Tout ça, le capital adore ! C’est son champ d’accumulation prioritaire dans la recomposition idéologique de la servitude infinie. Par contre, le prolo Gilet jaune qui dit : « À bas l’argent ! » ou le prolo RATP qui commence à se radicaliser et qui pourrait rencontrer le prolo Gilet jaune, ça c’est la détestation infinie, c’est des gens infréquentables !

Donc où est la lutte de classe ? Elle est dans cette intelligence de compréhension historique que nous, nous avons, parce que nous savons que le capitalisme va crever. Par contre, l’intelligence limitée et fétichiste du capital qui nous vend le capitalisme vert, avec tous ces langages inclusifs d’abrutissement universel, ça c’est l’étouffoir. Donc le terrain de la lutte de classe, pour ceux qui ont l’intelligence radicale, il est clair. C’est un enjeu de conflits radicaux entre la vraie lutte de classe anticapitaliste et toutes les merdes commerciales anti-discriminatoires du capitalisme vert bobo des centres-villes de la réorganisation marchande. Tout est posé là, et c’est ce qui va se passer en 2020 ! Y’aura deux trajectoires historiques qui vont être parallèles : le sociétal et la vraie lutte de classe. Mais chaque fois que le capital, qui n’a pas de moyens financiers pour écraser la lutte de classe — les redistributions financières du Grenelle de 69, c’est fini ! Maintenant, la vraie police mentale pour écraser la lutte de classe, c’est de l’enfermer dans le sociétal. Le sociétal est notre ennemi et il dit la lutte de classe à l’envers.

Francis Cousin, Radio GDC : Réveil de la Vieille Taupe des luttes de classe radicale. Bilan 2019, @50:45, 28 décembre 2019

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